Jour 1 : découverte du congost de monte rebei - ±15kms
Après 3h de route depuis le petit coin où on a passé la nuit, on aperçoit enfin la rivière. Tumultueuse et avec un débit important, on se questionne au premier abord sur la possibilité de la remonter ensuite. Effectivement, nous avons prévu un aller-retour car nous n’avons qu’un seul véhicule. Nous sommes rapidement rassurés en découvrant le début des gorges. Dans un décor de carte postale, c'est une belle étendue d’eau calme dans laquelle le torrent vient s’éteindre en charriant des sédiments de craie blanche. Nous sommes arrivés.
Avant de pouvoir pagayer, premier obstacle : le chemin d’accès à la mise à l’eau est fermé. Il faut donc descendre tout notre barda sur un bon kilomètre. Ca se fait, mais on redoute un peu la descente raide et caniculaire avec le canoë chargé. Amadoué par notre espagnol balbutiant, le gérant d’une location de canoë voisine propose de nous ouvrir la barrière et de nous descendre en 4x4 !
On charge le canoë, avantage au x100 sur ce coup là, qui de par son format compact se glisse sans souci dans le petit coffre en plus de toutes nos affaires. Arrivés sur une plage boueuse, sous un soleil de plomb, on attaque le gonflage. On commence à avoir l’habitude : 3 PSI dans chaque boudin, 5 PSI pour le fond rigide haute-pression, plus quelques coups de pompe pour le surpoids. Ça fait office d’échauffement et on transpire déjà, mais nous y sommes, on est heureux.
Quelques ¡muchas gracias! plus tard, nous voilà sur l’eau. Tout est bien calé. Les deux bidons à l’arrière tandis que les sacs étanches vont se loger dans le filet sur le pont arrière, avec quelques affaires non emballées. Nous sommes serrés mais pas collés, bien répartis de manière à équilibrer le poids sur l’ensemble du canoë.
La route s’oublie vite derrière nous. Comme il n’y a pas d’autres accès plus en aval, nous nous dirigeons donc tout droit vers un monde sauvage.
Des cimes d’arbres morts sortent de l’eau, nous imaginons une forêt sous-marine que nous survolons et à travers laquelle nous nous faufilons. À cet endroit c’est encore assez large, mais déjà très sauvage.
Un peu plus loin le relief se forme et les rives se rapprochent. Nous entrons alors dans le Congost de Monte Rebei. Les falaises sont très rapprochées, verticales au-dessus de nos têtes. Nous pagayons dans une eau turquoise, c’est idyllique. Nous ne sommes évidemment pas les seuls et un certain nombre de canoës de location nous accompagnent, mais on sème avec une aisance déconcertante ces rigides pourtant bien profilés. Le x100 nous surprend une fois de plus, rapide malgré son chargement important.
Les touristes d’un jour dépassés, le bleu-vert de l’eau sans tâche à perte de vue, nous commençons à scruter les berges à la recherche d’un lieu de bivouac. Là, les topos vus sur internet avant de partir se révèlent justes, vu la configuration, les berges verticales, il n’y absolument aucune zone pour planter la tente.
Nous continuons, admirant les vautours qui nichent dans les falaises, les randonneurs perchés sur des ponts suspendus qui dessinent des z dans la paroi et les passerelles qui suggèrent une autre approche pour découvrir ce parc naturel. D’en haut, en plongée, avec une vue sûrement tout aussi grandiose.
Un peu désorientés dans le dédale de gorges tortueuses, momentanément étroites, puis plus larges, puis à nouveau étroites, nous perdons rapidement la notion du temps et des kilomètres. Seul le GPS permet de nous localiser approximativement sur la carte. Mais les bras commencent à tirer, ce qui nous laisse deviner qu’une bonne partie de la première journée de navigation est faite. Nous décidons de pousser un peu plus loin à chaque fois, imaginant qu’au détour d’un virage une pente moins raide sera suffisamment hospitalière pour y passer la nuit.
Au bout de ce qui nous semble être une quinzaine de kilomètres de navigation, nous arrivons enfin sur un petit lac. On pense apercevoir sur la berge opposée une zone plate sur laquelle nous faisons directement cap !
Nous découvrons une presqu'île, avec de grandes terrasses plates et recouverte de sable fin : on ne pouvait pas rêver mieux.
Nous montons le campement, la vue est imprenable, avec l’entrée sud du Congost de Monte Rebei en face de nous sur la rive opposée et le massif montagneux qui se découpe derrière. Il n’y a pas de signe d’habitation aussi loin qu’on puisse regarder, ça y est, nous sommes déconnectés de la civilisation.
Un petit risotto et au dodo.